Le livre présenté par Elisabeth “L’analphabète” de Ruth Rendell, paru le 17 mars 1999 aux éditions Du Masque
250 pages
Résumé :
Mrs Coverdale est aux anges, après des années passées à enchaîner les contrats avec des jeunes filles au pair fantasques et insolentes, elle a enfin trouvé la perle rare.
Eunice est une domestique zélée et obéissante. Cuisine, ménage et gros travaux, rien ne la rebute.
Elle abat son ouvrage comme une brute et dort comme une souche. Car Eunice semble dénuée d’états d’âme.
À vrai dire, on se demande même ce que cache ce masque placide et ces yeux froids. Eunice a-t-elle jamais ressenti une émotion ?
Il n’est pas impossible que la jeune femme soit la proie de pulsions incontrôlables et que la famille Coverdale en fasse un jour les frais…
Son avis :
Roman policier original et de portée universelle !
Eunice Parchmann est une employée modèle dans une famille bourgeoise cultivée et bienveillante habitant dans un charmant manoir.
Elle ne manifeste aucun sentiment, semble indifférente à tout, uniquement intéressée par la télévision et les barres chocolatées, mais le plus marquant est son analphabétisme.
Confrontée aux mots, elle est phobique, les évitant ou mettant en œuvre faux-fuyants et pirouettes pour ne pas perdre la face.
Une rencontre avec Joan Smith, une déséquilibrée profonde, va provoquer le massacre des Coverdale, événement connu dès le début du livre.
L’intérêt du livre n’est pas comme dans les autres romans policiers la recherche du coupable, c’est d’une part l’analyse du processus et de la psychologie des personnages qui amène au massacre et d’autre part ce à quoi amène l’analphabétisme.
L’avancée du drame est en effet inexorable, motivée par la rancœur masquée d’Eunice, sa haine froide liée à la peur que son analphabétisme ne soit découvert, l’envie vis-à-vis de cette famille cultivée, bienveillante et ouverte.
À noter que le drame a lieu sur fond d’opéra, le « Don Juan » de Mozart, quand la forme rejoint le fond !
Mais, et ça me paraît essentiel, quand les mots sont absents, la pensée n’existe pas et donc quand l’émotion pointe son nez, elle ne passe pas par la mentalisation, on assiste à un court-circuit qui amène directement au passage à l’acte.
C’est ce à quoi nous sommes confrontés au quotidien avec les faits de société : un sentiment d’agression, une insulte, un coup de couteau, l’envie d’un portable, l’usage d’une batte de baseball et nous pourrions multiplier les exemples à l’infini.
Sa note : 4,5/5
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