Le livre présenté par Nathalie, “Comédies françaises” d’Eric Reinhardt paru le 20 août 2020 aux éditions Gallimard.
480 pages
Résumé :
Issu de la classe moyenne et diplômé de Sciences Po, Dimitri a 27 ans.
Il est reporter à l’AFP lorsqu’il se lance dans une longue enquête sur la naissance d’Internet : contrairement aux idées reçues, le système de transmission de données qui est à la base de la révolution numérique a été développé de manière déterminante par l’ingénieur français Louis Pouzin, jeune homme de 84 ans que Dimitri rencontre et interviewe.
Cet entretien lui dévoile que, dès 1973, les recherches menées au sein de son laboratoire ont été entravées, puis suspendues par les pouvoirs publics – Valéry Giscard d’Estaing en dernière instance – sous la pression du puissant industriel et lobbyiste Ambroise Roux.
C’est sur lui que Dimitri oriente alors son enquête, mettant au jour une « certaine France ». Jeux d’influences, intérêts privés, corporatisme, rejet de ces nouveaux venus que sont les informaticiens : les Français font le choix de s’engager dans la voie du Minitel, une somptueuse impasse, alors que les Américains, en s’accaparant l’invention de Louis Pouzin abandonnée par notre beau pays, s’emparent du leadership mondial de la création d’Internet.
Fasciné par les arcanes du réel, Dimitri se rêve aussi romancier (il a un projet de livre sur Max Ernst et Jackson Pollock, ou plus précisément sur le déplacement de l’épicentre artistique mondial de Paris à New York à partir d’une après-midi fantasmée, celle du 23 juin 1942), et vagabonde de ville en ville à la recherche d’instants qu’il voudrait décisifs.
Il multiplie les rencontres, y compris amoureuses, avec des filles comme avec des garçons : une manière comme une autre, cette fougue, sa colère chevillée au corps, de poursuivre sa vie, ou une idée qu’il se fait d’elle, une course qui anime le désir et déjoue la mélancolie. Et c’est justement par sa richesse et sa complexité, voire ses contradictions, que Dimitri est une figure révélatrice de cette génération dont il nous dévoile la saveur et les conflits.
Son avis :
Un roman audacieux où le romancier a un certain culot puisque dès le départ il tue son héros !
En effet, l’incipit n’est autre que l’avis de décès du protagoniste, suivi du récit à la manière d’un article de faits divers de l’accident qui a provoqué sa mort.
Une entrée en matière surprenante pour le lecteur tout de suite attristé par la mort prématurée à 27 ans de ce héros auquel pourtant il n’a pas encore eu le temps de s’attacher.
Ce roman à tiroirs dépeint avec précision l’échec de la France à soutenir l’innovation et la recherche, éclaire sur les rouages entre politiciens et lobbies et la manière dont la France est passé à côté d’une découverte majeure l’invention du datagramme par Louis POUZZIN, première pierre à l’édification des réseaux de l’internet
Néanmoins si elle en est le fil conducteur, ce roman foisonnant dont l’écriture énergique entraînante et drôle nous emporte très vite dans un tourbillon d’enquêtes passionnantes surgissant selon les intuitions de Dimitri et si nous nous perdons un peu, nous suivons avec jubilation le parcours de ce jeune héros idéaliste qui comme Max ERNST son mentor éprouve « un sentiment très fort de liberté de révolte « curiosité et les intuitions sont nombreux et mon préféré reste le passage dans l’univers de Max ERNST et Jackson POLLOCK (p178)
Ce roman est fougueux et virevoltant, l’écriture s’accorde parfaitement avec le tempérament de son protagoniste ce jeune intellectuel que ses intuitions guident et c’est avec délice et amusement que nous partageons ses rêves, ses amours, et ses vagabondages….
En outre, à travers le personnage de Dimitri, Eric REINHARDT offre un portrait très juste d’une jeunesse éclairée et cosmopolite auquel notre monde contemporain peine à donner un idéal .
Sa lecture est revitalisante !
Sa note : 4,5/5
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