Les liens artificiels

Couverture du livre "Les liens artificiels"
Le livre présenté par Elisabeth, “Les liens artificiels” de Nathan Devers paru le 17 août 2022 aux éditions Albin Michel.
336 pages

Résumé :
« Il fallait la raconter, cette spirale. La spirale de ceux qui tournent en rond entre le virtuel et la réalité. Qui perdent pied à mesure que s’estompe la frontière entre les écrans et les choses, les mirages et le réel, le monde et les réseaux. Le cercle vicieux d’une génération qui se connecte à tout, excepté à la vie. » N.D.

Alors que Julien s’enlise dans son petit quotidien, il découvre en ligne un monde « miroir » d’une précision diabolique où tout est possible : une seconde chance pour devenir ce qu’il aurait rêvé être… Bienvenue dans l’Antimonde.

Son avis :
Nathan Devers brillant jeune homme de 25 ans, normalien et agrégé de philosophie vient de publier un roman à la lisière du réel renvoyant à ce qui pourrait bien faire partie de notre futur.

Julien Libérat est pianiste de cabaret et donne sans passion des leçons de piano particulières. Sa petite amie vient de le chasser de sa vie et de son appartement. Julien déménage donc à Rungis, ville sans intérêt particulier.

Parallèlement, Adrien Sterner, mélange de Gates, Zuckerberg et consort, vient de créer une Société à la pointe du Bec d’Ambes dont le produit principal est une application gratuite d’un genre unique : l’Antimonde, réplique au détail près du monde dans lequel nous vivons peuplé d’anti-humains, avatars de personnages réels dont la seule contrainte est de rester anonymes.

Ces derniers peuvent agir à leur guise, acheter des biens grâce aux cleargolds, monnaie financée par de vrais euros, aller où bon leur semble pour peu qu’ils s’offrent avion, hôtel, voitures…
Ils peuvent aussi assouvir leurs mauvais penchants en agressant et même en tuant ce qui sera le lot de Vangel, l’avatar de Julien.

Julien commence malgré ses faibles moyens dans la vie réelle par constituer un large patrimoine dans l’Antimonde peu onéreux. La location des appartements finit par lui rapporter plus que son métier qu’il abandonne.

Se poursuit alors la navigation de Julien/Vangel dans un monde bien plus gratifiant que le réel ; il y rencontre par exemple l’hologramme de Gainsbourg (personnage non joueur PNJ) qui ne correspond à aucun avatar mais qui est capable d’échanger d’une façon naturelle à partir des propres phrases de sa vie d’autrefois, il se prélasse dans les plus beaux appartements New-yorkais, les plus beaux hôtels, voit les plus beaux paysages, jusqu’au jour où abruti par l’alcool il produit un poème remarqué par sterner qui l’amène au sommet de la notoriété.

La suite de l’histoire de Vangel est délirante, succès retentissant commenté dans les anti-journaux et même dans ceux du monde réel, je vous laisse découvrir le détail de l’histoire, la suite et triste fin où les limites entre réel et virtuel s’estompent.

Le thème du double narcissique illustré sur la jaquette du livre est évidemment présent : l’homme que l’on est, l’homme que l’on rêve d’être, le double magnifique, mais également la fuite d’un réel qui est ou jugé médiocre/frustrant par le biais de la technologie proposée aujourd’hui : le Metavers et la réalité augmentée qui annoncent les multivers. Aujourd’hui des lunettes vous plongent dans des univers inconnus, rajoutez-y les sensations via une combinaison haptique par exemple et vous échappez à votre environnement. Demain, comme dit l’auteur, l’avenir sera peut-être résumé ainsi concernant nos interactions : « ensemble et séparés » et comme dit la pub actuelle : « Même si le métavers est virtuel, son impact sera réel ».

Le style n’est pas un attrait, ça n’est pas à proprement parlé de la littérature. L’intérêt est tout entier dans le propos : les liens entre individus possiblement réduits à un pis-aller technologique faisant illusion et plus gratifiant qu’un quotidien jugé médiocre voire hostile par certains d’entre-nous, les liens artificiels.

Sa note : 4,5/5

Le début du livre 29 pages

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