Retour à Oppedette

Couverture du livre "Retour à Oppedette"
Le livre présenté par Sandrine, Retour à Oppedette de Jean Yves Laurichesse, paru le 19 novembre 2021 aux éditions Le Temps Qu’il Fait.
128 pages

Résumé :
«(…) Le village n’est pas très accueillant. C’est un tout petit village, quelques maisons groupées en désordre autour d’un minuscule clocher. Et il ne semble guère habité.

Mais elle aime aussitôt les pans d’argile cuite de ses toits fléchis par les siècles, ses murs troués de petites ouvertures sombres, et tout autour le vaste paysage de collines couvertes d’un épais pelage de petits chênes.

Elle aime aussitôt cette sauvagerie en même temps que cette douceur. Elle descend vers le village par le sentier caillouteux. » Les deux personnages de cette histoire aspirent à une vie simple et bonne, hors du temps et loin de l’agitation, mais ils en semblent empêchés par une douleur mystérieuse qui déclenche entre eux une irrépressible hostilité.

Heureusement, c’est le narrateur qui tient les fils de ces vies et rien de fatal n’arrive finalement.

Mais pour lui, qui a imaginé la rencontre de ces êtres dans ce village de Haute-Provence presque abandonné où il est passé, en randonneur solitaire, bien des années auparavant, c’est le début d’un enquête des plus troublante par laquelle il cherche la possible coïncidence de la fiction avec la réalité : vertige de la rêverie, sortilèges de la littérature…

Son avis :
Agréable à lire, un livre où se mélange la vie des personnages et celle du narrateur, une belle et surprenante aventure qui se déroule dans un village de Haute Provence, le mélange de la fiction et de la réalité.

A lire absolument.

Sa note : Coup de cœur 5/5

Extrait :
Tout avait commencé l’été précédent.

Nous passions, Viviane et moi, deux semaines dans une maison louée au bord de la mer, et j’avais emporté, avec quelques livres que je me promettais de lire à la faveur des vacances, un petit scanner de diapositives qu’elle m’avait offert et que je n’avais pas encore eu le temps d’utiliser.

Je voulais me replonger dans les milliers de clichés accumulés dans les années 70-80, non seulement pour les sauvegarder, mais pour accomplir ce voyage dans le temps qui reste pour moi le plus captivant de tous.

Une petite partie de ces images avait été tirées sur papier et classées dans des albums souvent feuilletés depuis, mais les autres dormaient depuis trente ans ou davantage dans leurs boîtes, elles-mêmes entassées dans un carton qui avait suivi nos successifs déménagements et avait échoué sur une étagère de garage.

Les années passant, elles s’étaient enfoncées dans l’oubli, et si les circonstances diverses qui leur avaient donné naissance — promenades, voyages, événements familiaux, rencontres amicales… — restaient naturellement inscrites dans ma mémoire, c’était sous la forme de ces récits sommaires et faiblement imagés qui tissent le fil conscient de nos vies.

De ces milliers d’images dormantes, j’attendais tout autre chose : la résurrection d’instants singuliers, d’atmosphères particulières, découpés au 100e de seconde dans le cours du temps.

J’avais aligné devant moi sur la table, dans la pénombre des volets tirés contre lesquels s’appuyait la sauvage lumière de l’été, les étroites boîtes de plastique jaune, aux couvercles translucides, contenant dans trois cases les séries de diapositives.

Les petits rectangles de carton blanc portaient sur une face le nom de la marque en rouge et jaune, sur l’autre, en très petits caractères gris et presque effacés, le numéro de la diapositive et la date abrégée de son développement.

Ils s’inséraient un à un dans les quatre cases d’un support mobile semblable à une petite échelle, puis le support se glissait dans la fente latérale de l’appareil jusqu’à une première butée, et la numérisation pouvait commencer.

Le ronronnement de l’appareil révélait alors le mystérieux processus par lequel le mince et opaque rectangle de pellicule allait se transformer en image numérique, n’occupant d’abord dans la fenêtre ouverte sur l’écran qu’une vignette de taille modeste et grossièrement définie, avant que n’apparût enfin l’image nette et agrandie, non cependant à la taille de l’écran, mais cernée de larges marges noires qui étaient comme l’épaisseur même du temps.

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