M

Couverture du libre "M"
Le livre présenté par Cat, “M” d’Alain Cadeo, paru le 6 mars 2023 aux éditions Cahiers De L’egare.
64 pages

Résumé :
IL Y A LONGTEMPS, Alain Cadéo accompagna à voix haute et en mots couchés sur le papier, le voyage utérin du foetus offert par la Vie.

Le ciel au ventre, fut le titre fabuleux de ce récit. Aujourd’hui, tiré d’un tiroir, M. est le titre du récit offert par Alain Cadéo à la femme porteuse, la femme aimée, unique-multiple, singulière-plurielle.

Traversé et passeur d’un dire «au-dessus», lui est offert cet énoncé inouï : Aimer c’est goûter du bout des lèvres, du bout de la langue pour voir « quel goût ça a » cette peau et cette âme d’une adorable étrangeté.

L’auteur :
« Alain Cadéo est l’auteur de plus de vingt ouvrages. Une vie d’écriture à la fois complexe et généreuse, celle d’un homme qui offre les mots en brassée comme un souffle du verbe.

Un passionné sans concession de la vie, des hommes et des rencontres.

Avide de vérité et de sens, sens des mots, des êtres et des actes… Ses romans ou plus précisément ses textes sont des témoignages de sincérité et d’altruisme.

Il vit à Évenos, en Provence. »

Son avis :
Un chant d’amour poétique voilà ce que nous propose Alain Cadeo avec ses mots choisis… Le cheminement de l’âme vers l’âme sœur demeure un véritable mystère qui mérite qu’on s’y penche. Et c’est le bonheur que nous offre ce petit opus !

Chacun des ouvrages d’Alain Cadéo nous emmène à sa façon pour un voyage où le mot se fait chair et prend vie. À lire

Sa note : 4,5/5

Extraits

Début

« J’ai honte ici de me relire quinze ans après pour les facilités ou bêtement pour tout l’inachevé d’une phrase qui, par manque de ténacité, de rigueur, d’épaisseur, encombre le papier. Si l’on n’est pas au cœur de son sujet, c’est mou et inutile, c’est à côté, pire, c’est comme avoir noyé une famille de lévriers.

N’oublie jamais, rien n’est de toi, tu es un assis qui se tient droit et qui transcrit en fidèle sujet ce qu’on lui dicte sans tenir compte de ce «moi» traître sournois d’une épopée dont il n’est ni la voix ni l’esprit ni le roi.

Si parfois je dérape, ne m’en veuillez pas. Toutes ces excursions n’ont pour but que de cerner avec beaucoup de maladresses ces inconnus que sont les Autres avec qui nous vivons et dont jamais nous ne saurons ni d’où ils viennent, ni où ils vont.

L’attente. Écrire c’est être dans l’urgence et être dans l’urgence c’est vouloir à tout prix s’extirper de l’attente. »

« Et un jour j’étais là, dans le faisceau de tes phares, contre un platane bleu-vert, au cœur d’une ville. Et tu m’as vu, mais vraiment vu, au gramme près et moi je te vois toujours, vingt ans plus tard, au millimètre près, telle que tu as sans doute toujours été, telle que tu seras, telle que tu es. Et je me dis que c’est un sacré rendez-vous celui qui abolit le Temps. Rien jamais n’a pu brouiller les pistes. Rien jamais n’a pu détruire ce qui devait être. Et puis ça se travaille. Au burin, à la gouge, au marteau, au stylet, à la brosse, au pinceau en poils de martre, à la tronçonneuse, à la Kalachnikov.

C’était la seconde fois que l’on se rencontrait. La première, dans un bureau, c’est à peine si tu m’avais remarqué. Moi le plouc illuminé, le qui ressemble à rien avec ces mots de la passion en vrac, le pas vraiment cul-terreux avec ses airs de gentleman-farmer, le fauché» faisant jamais pitié, le «veste en velours jeans et basket» face à toi madone des ministères, reine des mairies blanches, statut rôle fonction, importante, agendas téléphones, tailleurs, brushing, jouant de l’émeraude tandis que j’extirpais nerveusement de ma poche des brindilles de thym et des poignées d’immortelles dont le parfum me fait du bien. Je venais défendre un projet et très professionnelle tu m’écoutais alors qu’en réalité, mais je ne l’ai su que bien plus tard, tu pensais à ton rendez-vous avec des amis qui suivait notre « entretien ».

Tu ne me « vis » donc que quelques mois plus tard. Nous devions nous retrouver devant un café, un soir, car tu voulais savoir où en était mon projet. Tu es arrivée en voiture « et j’étais là dans le faisceau de tes phares, contre un platane bleu vert…»

La presque fin

« M. ma sœur de feu, ma sœur de pierre, ma sœur de chair, n’oublie jamais qu’on est presque jumeaux. Capricornes et tigres. Vaillants, rebelles et fainéants. Orgueilleux, courageux, sans ambition. T’ai-je raconté mon dernier rêve. Je te prenais dans mes bras et doucement nous décollions, pas très haut, à cinquante centimètres du sol. Et je trouvais que nous étions bien lourds. Mais cela nous ravissait de pouvoir glisser ainsi le soir dans une ville. Voulant aller plus haut, je fis un effortconsidérable et nous réussîmes à atteindre la cime des platanes. S’arracher à la lourdeur est la chose la plus exaltante. J’aurais voulu gagner le plein ciel. Patience, il y faudra encore du temps. »

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