Combats et métamorphoses d’une femme

Couverture du livre Combats et métamorphoses d'une femme
Le livre présenté par Jean-Philippe « Combats et métamorphoses d’une femme » d’Edouard Louis, paru le 1er avril 2021 aux éditions Seuil.

Résumé :
Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l’écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine.

Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme.

Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s’est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l’histoire de cette métamorphose.

Son avis :
Une émotion certaine à la lecture de ce roman qui dépeint le parcours de sa mère.

Au delà de son histoire personnelle , ce court récit a une portée universelle en décrivant avec justesse le parcours de toutes les femmes qui essayent de sortir de leur condition.

Extrait
« “L’année où elle a voulu partir en vacances, elle est entrée dans la cuisine et elle nous a dit que sa décision était prise : on partirait.

Elle avait vu une assistante sociale la veille. L’assistante lui avait expliqué qu’il existait des programmes de l’Etat pour les familles comme la nôtre et elle s’est mise à espérer.

Elle a commencé à faire des allers-retours jusqu’au petit bâtiment où les services sociaux avaient leurs bureaux, à la lisière des champs.

Elle revenait tous les jours avec des piles de papiers sous les bras, des justificatifs et une énergie que je n’avais jamais vu en elle avant, ni dans son corps ni sur son visage.

Elle posait les documents sur la table et elle les dépliait pour les montrer à mon père, mais il ne détachait pas son visage de la télévision. Il répondait que ça ne l’intéressait pas et elle restait là, immobile.

Elle demandait à mon père les documents administratifs qu’un jour, l’année d’avant, il avait tous rangés et triés, mais il disait, avec un léger sourire de cruauté sur le visage, qu’il ne savait plus où il les avait mis.

Alors elle attendait. Elle attendait qu’il soit parti au café pour fouiller les tiroirs. Elle ne se contentait pas de les ouvrir. Elle les extrayait de la structure du meuble et elle posait les petits caissons par terre. Elle s’asseyait sur le carrelage et elle sortait les piles de papiers une par une. Elle téléphonait, laissait des messages. Elle rappelait quand on ne lui répondait pas, elle traversait les rues, remplissait encore des formulaires. Jusqu’au jour où elle nous a dit que c’était fait. Elle avait gagné. Sa phrase a recouvert le bruit de la télévision : on part en vacances l’été prochain. Elle souriait.

Mon père a dit qu’il ne partirait pas avec nous, qu’il était mieux chez lui, mais rien de ce qu’il disait ne pouvait l’atteindre à ce stade…. »

Sa note : 4,5/5

Le début du roman 

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