Le livre présenté par Elisabeth, Au-delà des Frontières d’Andreï Makine à l’Apéritif du 15 juin 2020
Son avis :
Livre complexe et dérangeant concluant heureusement à la possibilité d’une phase d’élévation permettant l’apaisement et la transcendance.
Très différent de ses précédents écrits, cet ouvrage dépeint à travers ses personnages des aspects contrastés de nos sociétés occidentales, leur violence et leur déclin ; Gaia, mère de Vivien de Lynden, représente le courant « progressiste » (proche des associations humanitaires, amantes de migrants) dont elle est revenue, son fils une extrême-droite dure.
Gaia souhaite que le livre de son fils qui s’est suicidé, « Le grand déplacement » soit édité.
Elle fait donc appel à un écrivain, le narrateur, ami de Gabriel Osmonde qui n’est autre que l’avatar d’A. Makine, un admirateur des « diggers », ceux qui creusent, voient au delà des apparences.
A travers G. Osmonde nous percevons le regard de l’auteur qui a sur le monde un regard des plus désenchantés (confirmation entendue directement lors d’une conférence chez Mollat).
Comment sortir de l’impasse d’une société occidentale déclinante, chaotique, violente, au bord de l’implosion ?
La clef est donnée par G. Osmonde/A. Makine, « l’alternaissance », celle qui va au delà de notre naissance biologique et sociale et qui amène au sentiment de pérennité : la simplicité de l’observation de la beauté.
Le meilleur exemple de ces 3 naissances : le destin d’Onassis échappant jeune à la mort, voulant tout de tout : femmes, richesse, gloire, pouvoir et dont le vécu qui a le plus de sens à ses yeux est le spectacle d’une veuve monténégrine au corps généreux, la pluie soulignant ses formes, l’odeur du braséro qui grille des sardines, le village, sa lumière.
J’ai retrouvé dans cette conclusion l’esprit de François Cheng et celui du magnifique livre d’A. Makine lui-même dans « L’archipel d’une autre vie » qui évoque avec beaucoup de poésie la sérénité d’une autre vie justement faite de beauté et de simplicité.
Sa note : Coup de cœur 5/5
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