La mémoire du fleuve

Couverture du livre "La mémoire du fleuve"
Le livre présenté par Monique, « La mémoire du fleuve » de Christian DEDET, publié en 1984 aux éditions Phaebus réédité le 4 septembre 2012 aux éditions Libretto
459 pages

Résumé :
Combat d’un éléphant happé par un anaconda alors qu’il se baignait dans le fleuve. Vers la dixième heure de cette lutte de titans, l’éléphant qui avait laissé à chaque immersion sa trompe dressée hors de l’eau, traîna enfin le serpent de 15 mètres sur la berge pour le piétiner de fureur…

Telle est l’Afrique que raconte Jean Michonet, fils d’un normand et d’une métisse née du peuple Myéné ; une Afrique fabuleuse des forêts et des rivières, des clairs-obscurs et des lianes déchirées par des galops d’apocalypse…

Son avis :
Recommandé par GUY et Catherine à propos de « C’est pas sorcier ». Franchement pas déçue ! Le livre de mon été.

« Un livre qui nous introduit dans les secrets de l’Afrique de l’époque bien mieux que ne saurait le faire un régiment d’ethnologues. » 1945 à 1960

En voyage au Gabon dans les années 70, l’auteur du livre Christian DEDET croise la route d’un homme étonnant Jean Michonet.

Les deux hommes se lient d’amitié et très vite Christian DEDET propose à Jean de raconter sa vie pour qu’une trace de son existence, qui ressemble à un roman, soit gardée dans un livre.

Jean Michonet a écumé le Gabon de l’époque coloniale jusqu’à l’indépendance en 1960.

Un destin chaotique où se mêlent l’aventure, la fortune, la ruine, l’amour du Gabon, les paradoxes du métissage, et tant d’autres choses.

Métis, il est le fils naturel d’un père français, exploitant forestier au Gabon, et de mère gabonaise. Délaissé par son père qui a une famille officielle et blanche, il a du se débrouiller.

Dès l’âge de 15 ans, il fut successivement recruteur de main-d’oeuvre pour le compte des compagnies forestières, exploitant forestier lui-même, armateur sur le fleuve Ogooué, explorateur/traceur de routes, chasseur et trafiquant de peaux de crocodile, infirmier luttant contre la lèpre, proche du Dr Schweitzer, et à la fin de sa vie conseiller de président de l’époque.

On découvre un pays inhospitalier, d’autant plus qu’il est amoureux de la brousse, il déteste Libreville ou Port-gentil, qui sont alors les plus grandes villes du Gabon. Au grand désespoir de sa femme, Jean n’est heureux que dans la jungle et toute sa vie est vouée à ses activités professionnelles dans des régions africaines reculées.

On apprend beaucoup sur les mœurs de l’époque – par exemple :

  • lors d’une visite en brousse, le chef du village offrait une de ses femmes, voire deux, à son invité. On rencontre des hommes-tigres, qui mangent les organes génitaux de leurs victimes, pensant ainsi accroître leur énergie vitale.
  • L’anthropophagie est encore courante à cette époque, et c’est la religion qui aidera à mettre fin à cette pratique. Michonet raconte que les habitants d’un village étaient heureux d’avoir capturé les deux employés annamites d’un blanc, ils se réjouissaient car ils n’avaient encore jamais mangé d’asiatique.
  • En parlant de cruauté, Michonet s’aperçoit que les autres chasseurs de crocodile gagnent de l’argent en revendant « les colliers trouvés dans l’estomac de la bête”. Lorsqu’un croco s’attaque souvent à un village, les habitants lui offrent en sacrifice une des filles du chef, parée de ses plus beaux atours.

Quelques passages magnifiques comme la description d’une initiation au bwiti dont il nous fait un peu pénétrer les secrets,

  • C’est une société secrète avec pouvoirs surnaturels, société régissant également toute la vie sociale.

​Il raconte son initiation ce qui normalement est interdit.

Le bwiti est une cérémonie impressionnante qui dure une nuit entière à la lumière de torches et de feu de camps, ou au rythme des tam tam.

Des personnages masqués et recouverts de vêtements traditionnels, chantent et dansent de manière frénétique, pour accompagner le nouvel initié.

Lui doit absorber de l’iboga qui est extrait de la racine d’un arbuste local et qui a des propriétés médicinales différentes selon la quantité absorbée.

Là, la quantité est énorme et l’initié se trouve dans un état mental spécial ou il à l’impression de passer de l’autre cotéc’est à dire de d’avoir fait une approche de la mort et donc à son retour (résurrection ?) ce qu’il a vu ou compris va guider dans le bon sens sa vie entière. Il revient avec les clefs pour son futur.

Conclusion :
L’histoire de Jean Michonet et du Gabon encore inexploré à l’époque se lit comme un passionnant roman d’aventures.

Car l’objet du roman, au-delà de l’histoire racontée au jour le jour, est aussi le Gabon, sa forêt primaire, les liaisons fluviales, ses animaux sauvages et colossaux, ses coutumes ancestrales.

Sa note : Coup de cœur 5/5

Début du livre 11 pages

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