La cheffe, roman d’une cuisinière

Couverture du livre "La cheffe, roman d’une cuisinière"
Le livre présenté par Sophie, “La cheffe, roman d’une cuisinière” de Marie NDIAYE paru le 3 octobre 2016 aux éditions Gallimard.
276 pages

Résumé :
Le narrateur, cuisinier, raconte la vie et la carrière de la Cheffe, une cuisinière installée à Bordeaux qui a connu une période de gloire, et dont il a longtemps été l’assistant – et l’amoureux sans retour.

Née dans une famille d’ouvriers agricoles, cette adolescente ascétique et déterminée devient employée de maison très jeune. Elle va découvrir l’art culinaire en préparant les repas pour ses premiers employeurs. Dès le premier dîner, elle met en oeuvre ce qui sera la base de sa gastronomie future : sécheresse, sévérité, simplicité.

Quelque temps plus tard, elle ouvre un restaurant, La Bonne Heure, où le tout-Bordeaux se presse. Dès son embauche, le narrateur se dévoue corps et âme à sa patronne. Il deviendra au fil des années son confident et ami, mais jamais son amant. La vie de la Cheffe, entièrement vouée à l’invention culinaire, semble parfaitement réglée.

Son malheur vient de sa fille unique, un concentré d’aigreur, de rancune et de frivolité. Après avoir suivi des études de commerce, la jeune fille fait main basse sur le restaurant de sa mère, qui n’oppose aucune résistance. Elle y applique des règles de marketing absurdes, contrevenant à l’esprit janséniste originel, et le restaurant se voit retirer son étoile. La cuisinière met alors la clef sous la porte et disparaît, laissant le narrateur anéanti. Cependant la Cheffe n’en a pas fini avec la vie ni avec la cuisine…

Les phrases de Marie NDiaye se déploient lentement, comme pour envelopper le lecteur avec un charme constricteur. Les replis de l’âme de chaque personnage sont explorés sans hâte, et c’est sans doute ce qui fascine le plus : cette détermination calme dans la volonté de dissoudre la pénombre des êtres, auscultés sans malveillance et sans pitié. Il se dégage du récit une humanité violente, claire, à la fois mélancolique et enviable. La cuisine, qui est au centre du récit, est vécue comme une aventure spirituelle, presque un état de la sainteté. Non que le plaisir et le corps en soient absents, au contraire : mais ils sont les instruments d’un voyage vers un au-delà – la Cheffe allant toujours plus loin dans sa quête d’épure. L’émotion grandit au fur et à mesure de la lecture, jusqu’à la dernière ligne.

L’auteure :
Marie NDiaye, née le 4 juin 1967 à Pithiviers dans le Loiret, est une femme de lettres française, ayant notamment remporté le prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe et le prix Goncourt en 2009 pour Trois Femmes puissantes.

Marie NDiaye publie son premier roman, Quant au riche avenir, aux Éditions de Minuit, à dix-sept ans. La Quinzaine littéraire souligne en 1985 qu’« elle est déjà un grand écrivain. Elle a trouvé une forme qui n’appartient qu’à elle pour dire des choses qui appartiennent à tous. »

Elle a longtemps vécu à La Réole en Gironde, ce qui explique que l’action dans ses ouvrages se situe souvent dans ce département.

Son avis :
L’histoire débute avec la description de l’enfance de la cheffe à St bazeille près de Marmande dans une famille pauvre.

Le tournant de sa vie se situe lorsqu’elle est envoyée, encore adolescente, chez les Clapeau, à Marmande, et qu’elle regarde, telle une voyeuse, les gestes de la cuisinière.

Le soir, elle pense à tout ce qu’elle aurait fait, elle, si on lui en avait laissé l’occasion. Une fois la cuisinière partie, la Cheffe prend la relève et étonne les Clapeau, les surprend, leur fait découvrir ce qu’est la cuisine. De fil en aiguille, la Cheffe ouvrira un grand restaurant à bordeaux

Ce que j’ai aimé :

  1. L’originalité du récit: on ne sait pas à qui s’adresse cet ouvrage , c’est comme si le narrateur répondait à un intervieweur à propos d’une femme, la cheffe, qu’il a bien connu mais sans la connaître vraiment. Il cherche lui même à analyser les faits et gestes de celle qu’il a si longtemps admirée et aimée . Cette approche de la vie de la cheffe est intéressante, c’est nous faire connaître cette femme admirable à travers les yeux d’un commis admirateur qui rend la cheffe assez énigmatique et complexe.
  2. La Cheffe, roman d’une cuisinière, est un grand roman à condition d’accepter le langage de Marie NDiaye. Certaines phrases sont longues mais pourtant très travaillées avec le souci du détail.

C’est un livre très féministe sur le thème de la création
C’est aussi l’hommage posthume d’un amoureux discret.

Sa note : 4,5/5

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